mercredi 27 novembre 2013

Au revoir là-haut

Quand j'ai fait l'acquisition de ce livre, il n'avait pas encore été couronné par le prix Goncourt. Mais il figurait parmi les grands favoris. Et pour cause : c'est un excellent roman.
Voici donc les pérégrinations de trois "poilus", que l'on rejoint en 1918, à quelques jours de l'Armistice, lors d'un assaut durant lequel l'intrigue principale se noue. Scènes saisissantes, à la hauteur des horreurs de cette guerre, dans lesquelles l'auteur nous fait plonger à la suite de ses personnages. Puis c'est la démobilisation et le retour à la vie civile. Là encore, l'atmosphère de cette période est parfaitement rendue par Pierre LEMAITRE qui donne à son récit et à ses personnages une épaisseur à la fois crue et bouleversante. Quant à l'histoire elle-même, ou comment ces trois anciens poilus vont arnaquer la France, le gouvernement pour l"un, les maires pour les deux autres, elle est captivante. L'auteur entretient le suspense jusque dans les dernières pages. On se régale.
Bref, le prix Goncourt 2013 vaut le détour !

Incipit :
Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande.

jeudi 24 octobre 2013

La nostalgie heureuse

80 pages de concentré d'Amélie Nothomb. Tout est dit.
Évidemment, c'est excellent.

Incipit :
Tout ce que l'on aime devient une fiction. La première des miennes fut le Japon. À l'âge de cinq ans, quand on m'en arracha, je commençai à me le raconter. Très vite, les lacunes de mon récit me génèrent. Que pouvais-je dire du pays que j'avais cru connaître et qui, au fil des années, s'éloignait de mon corps et de ma tête ?
À aucun moment je n'ai décidé d'inventer. Cela s'est fait de soi-même. Il ne s'est jamais agi de glisser le faux dans le vrai, ni d'habiller le vrai des parures du faux. Ce que l'on a vécu laisse dans la poitrine une musique : c'est elle qu'on s'efforce d'entendre à travers le récit. Il s'agit d'écrire ce son avec les moyens du langage. Cela suppose des coupes et des approximations. On élague pour mettre à nu le trouble qui nous a gagnés.

mardi 22 octobre 2013

Au pays des ombres

Voici un bon polar, salué comme il se doit par le Prix du Quai des Orfèvres en 2010. Le livre compte un peu plus de 200 pages, à la fois sobres et denses, bien écrites, autour d'un récit réaliste et bien documenté, qui ne brille pas forcément par son originalité, mais qui a le mérite de tenir le lecteur en haleine jusqu'à la fin.
Un bon bouquin, donc.

Incipit :
Vincent Brémont s’écarta du mur contre lequel il s’était adossé pour fumer une dernière cigarette. Il lui avait semblé entendre les échos d’une dispute lointaine. Était-ce un effet des vapeurs de whisky qui noyaient son cerveau ? Le bruit ne se répéta pas. Il avait dû se tromper, ou bien confondre avec une émission de télévision. La nuit, les sons portent loin. Et ce soir particulièrement, tandis que Cabourg dormait, se remettant de la chaleur inhabituelle de cette journée d’avril. Au moins sa fille profiterait-elle de leurs vacances !

samedi 5 octobre 2013

Un été avec Montaigne

Procurez-vous ce petit livre (moins de 170 pages au format poche), installez-vous confortablement et consacrez-lui les deux ou trois heures qui suivent : vous ne le regretterez pas.
Antoine COMPAGNON (écrivain mais aussi professeur au Collège de France et à Columbia University, excusez du peu), nous dépoussière les Essais de Montaigne en 40 chapitres étonnamment passionnants, et nous démontre en passant à quel point les pensées de cet auteur sont encore d'actualité.
Pour information, France Inter a diffusé pendant tout le mois d'août 2012, entre 12h55 et 13h, une émission à l'origine de ce bouquin. Vous pouvez (ré)écouter celle-ci à l'adresse suivante :
(http://www.franceinter.fr/emission-un-ete-avec-montaigne). Ça vous donnera un petit aperçu de ce que vous allez lire.
Vous ne connaissiez pas (ou n'aimiez pas) Montaigne ? Ce livre va vous donner envie de le redécouvrir, et peut-être même de le relire !

Incipit :
Sous prétexte que Montaigne s'est volontiers dépeint comme un honnête homme, comme un oisif retiré sur ses terres, réfugié dans sa librairie, on oublie qu'il a été aussi un homme public engagé dans son siècle et qu'il a exercé d'importantes responsabilités politiques, durant une époque troublée de notre histoire. Il a ainsi servi de négociateur entre les catholiques et les protestants, entre Henri III et Henri de Navarre, le futur Henri IV, [...]

mardi 17 septembre 2013

Anthropophilie de la bête

Avec ce livre, nous sommes très loin des sélections officielles de la rentrée littéraire. Marc BÉDARD n'est pas au catalogue des grosses écuries de l'édition. Raison de plus pour lui faire une petite place au soleil de mon blog !
Ce roman, à classer au rayon fantastique (voire horreur), m'a globalement plu, en particulier sa fin qui laisse la porte ouverte à bien des monstruosités futures.
Bon, n'est pas Stephen KING qui veut, et ce livre manque un peu de punch, de nervosité. Le crescendo de la montée en puissance du Mal et de la Bête y aurait gagné en intensité.
Pas mal de coquilles, des erreurs de syntaxe et quelques phrases un peu bancales témoignent d'une correction hâtive (inexistante ?) avant publication. Mais l'auteur s'étant auto-édité, on lui pardonnera volontiers ces défauts.
Bref, une lecture sympa malgré tout, loin des sentiers battus...

Incipit :
« La seule régularité que l'on observe a priori dans la répartition des nombres premiers, c'est l'absolue irrégularité de leur répartition... » La salle de cours empestait la sueur, pourtant chaque étudiant écoutait rigoureusement chaque parole sortant de la bouche du professeur. Martin retira son chandail et souffla.
Les nombres premiers... quel bel exemple de chaos au sein même de l'ordre !

dimanche 8 septembre 2013

L'affaire Bartolomeo : quatre articles troublants

Ça se lit en quelques minutes (non, ce n'est pas une erreur de ma part). Les quatre articles (quatre chapitres) parlant du même évènement (la mort de Bartolomeo), on a l'impression de lire quatre fois la même chose. Enfin, pas tout à fait. C'est comme si vous regardiez la même scène d'un film sous quatre angles différents, avec quatre cadrages (zooms) différents : on voit la même chose, sans voir vraiment la même chose. Effet saisissant.
Cette petite nouvelle, satire de la presse moderne, m'a donné envie de lire quelque chose de plus conséquent de cet auteur.
Ce que je vais faire d'ici peu...
Dernière petite précision au sujet de cette nouvelle : à ma connaissance, elle n'existe qu'au format ebook Kindle (Amazon).
Incipit :

Lundi 15 juillet 2013

Le claviste Juan Bartolomeo s'éteint à 93 ans.

(AFTP) — Le corps du célèbre joueur de claves argentin Juan Bartolomeo a été retrouvé samedi dernier, sur son yacht, qui était amarré depuis quelques jours à Marseille. La police marseillaise considère pour l'instant la mort comme suspecte.

Bartolomeo est bien connu pour avoir révolutionné la clave, notamment par son jeu quadrirythmique et son influence fondamentale sur le chachacha.

jeudi 29 août 2013

Je ne t'oublierai pas

En attente de lecture..

Incipit :
Je suis en retard.
Je déteste être en retard.
Je suis censée retrouver Art à 17 heures et il est déjà moins le quart. Je me rue dans le couloir en direction de la salle des profs. J'ai oublié le nouveau code pour ouvrir la porte alors je dois attendre qu'un collègue arrive et me fasse entrer. Je fourre mes photocopies dans mon casier et dépose mon cahier d'appel dans la boîte. Quand j'atteins la sortie, Sami, le directeur du département des sciences humaines, me rappelle que le cours de demain matin est annulé pour cause de travaux. Je prends mentalement note puis quitte l'institut au pas de course et m'engage dans Great Queen Street pour gagner Kingsway. Le ciel est gris et maussade, les nuages sont gonflés de pluie. Pas de taxi en vue. Le mieux serait de prendre le métro jusqu'à Oxford Circus, mais, depuis les attentats du 7 juillet, j'évite autant que possible de l'emprunter. De toute façon, j'ai toujours préféré le bus. Art déteste le bus. Trop lent pour lui.

mercredi 28 août 2013

Kaïken

Mon sixième "Grangé". Certes, je ne suis pas déçu : les intrigues (je vais y revenir) sont bonnes, le suspense bien entretenu, le style toujours aussi percutant. Le kaïken est un poignard japonais. Le Japon est un des fils conducteurs essentiels de ce livre, et on apprend plein de choses sur cette civilisation et ses habitants.
Je reviens sur mon histoire d'intrigues : je pense que JC Grangé aurait pu faire deux livres de son roman. Il y a en effet deux intrigues distinctes, dont une se termine à la moitié du livre environ. Certes, les deux sont liées, ne serait-ce que par le personnage central. Mais il y  avait de quoi écrire deux histoires. Il s'agit là d'un point de vue très personnel. Pas sûr que d'autres lecteurs le partagent...
Quoiqu'il en soit, c'est un très bon bouquin. Pas le meilleur de Grangé, mais un très bon bouquin tout de même...

Incipit :
La pluie.
Le mois de juin le plus merdique de tous les temps. Depuis plusieurs semaines, la même rengaine, grise, trempée, glaciale. Et c'était pire encore la nuit. Le commandant Olivier Passan fit claquer la culasse de son Px4 Storm SD et le posa sur ses genoux, cran de sûreté levé. Il reprit le volant de la main gauche et saisit de l'autre son Iphone. Le programme GPS tournait sur l'écran tactile, éclairant son visage par en dessous, façon vampire.

samedi 10 août 2013

La vérité sur l'affaire Harry Quebert

Ce "pavé" de 660 pages est tout simplement excellent. L'histoire tourne autour de deux écrivains, aussi célèbres l'un que l'autre : Marcus Goldman, le plus jeune, qui a connu un succès foudroyant avec son premier roman mais qui est en panne d'inspiration au moment d'écrire un deuxième livre, et Harry Quebert, son mentor qui a, quant à lui, bâti sa renommée sur un roman paru 33 ans auparavant, et dans le jardin duquel on découvre le cadavre d'une jeune fille disparue peu avant la publication de ce premier livre. Le décor est posé. Goldman va tout faire pour prouver l'innocence de Quebert, et écrire un livre sur cette "affaire Harry Quebert".
C'est passionnant. Les 31 chapitres du livre (numérotés dans l'ordre décroissant... Mais je vous laisse le plaisir de découvrir pourquoi, dans les dernières pages !) entraînent le lecteur dans le récit d'une belle et tragique histoire d'amour, mais aussi dans une enquête aux rebondissements savamment dosés par Joël DICKER, jusque dans les ultimes pages du roman.

Incipit :


PROLOGUE
Octobre 2008
(33 ans après la disparition)
Tout le monde parlait du livre. Dans les rues de New-York, je ne pouvais plus déambuler en paix, je ne pouvais plus faire mon jogging dans les allées de Central Park sans que des promeneurs me reconnaissent et s'exclament : « Hé, c'est Goldman ! C'est l'écrivain ! » Il arrivait même que certains entament quelques pas de course pour me suivre et me poser les questions qui les taraudaient : « Ce que vous y dites, dans votre bouquin, c'est la vérité ? Harry Quebert a vraiment fait ça ? »

samedi 27 juillet 2013

Fallait-il lui dire ?

C'est l'histoire (écrite à la première personne du singulier) de Norbert, petit garçon qui apprend du jour au lendemain qu'il a été adopté. On découvre alors, au fil d'un peu moins de 100 pages, les évolutions du traumatisme que la révélation de ses origines a créé chez cet enfant au prénom bizarre, et comment ce dernier cherche à se reconstruire un univers et une personnalité, avec des repères qu'il doit se réapproprier.
C'est bien écrit, même si les premières pages, faites de phrases très courtes, souvent sans verbe, peuvent dérouter. C'est touchant sans être larmoyant, parfois teinté d'humour, de cet humour dont les enfants ont le secret, et que l'auteur rend très bien ici.
Éric GUILLOTTE, orthophoniste et écrivain, n'est pas vraiment un inconnu. Les habitués de la toile connaissent forcément son blog, IL PARAITRAIT..., dont les billets méritent toujours le détour.
Encore un petit livre sympa que j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir.
Incipit :
J’ai six ans et je m’apprête à succomber. À terminer une première vie, sur un constat d’échec. Tout ce qu’on nous dit n’est pas toujours vrai. Même les papas et les mamans mentent.
Je n’étais pas prêt, peut-être trop jeune, et je ne m’en suis toujours pas remis. Aujourd’hui. J’ai bien trop de temps pour penser. Mon présent ne me comble pas. Je médite. Et je ne me risque jamais à songer à un futur incertain. J’ai déjà donné.
Le pire est avenir.

mardi 23 juillet 2013

La saga de l'été

Histoire d'encourager les talents en herbe, voici un petit bouquin (en version numérique seulement) sans prétention, mais grinçant et caustique à souhait ! Vous y suivrez les pérégrinations estivales de la famille Piedanlo (Gaston et Clémence et leurs deux enfants, Maéva et Jérémy).
Ça se lit vite, c'est drôle... Et les dessins sont de la célébrissime Tachok.
Vous pouvez télécharger le livre sur le site d'Edicool, pour la modique somme de 0,99 €.

Incipit :
Après avoir voyagé toute la journée, Gaston Piedanlo s'apprête à fournir son dernier effort. Il décide de laisser le parasol dans le coffre du break et en montant péniblement les escaliers, chargé comme un mulet, il se demande pourquoi les deux femmes de sa vie, qui vont passer le mois à venir en maillot de bain, ont tout de même emporté chacune deux grosses valises. Juste avant le départ, il se revoit à genoux forçant, à essayer de les fermer. Au deuxième aller-retour, il se demande ce qu'elles peuvent bien contenir, et pourquoi les femmes sont aussi coquettes ? Au troisième, il ne pense plus, il souffle et transpire. La chaleur méridionale est étouffante. Il n'y a même pas une petite brise pour lui chuchoter à l'oreille qu'il sera bientôt débarrassé de la corvée de la difficile transhumance estivale. Au quatrième, essoufflé, il pose son fatras sur le palier et s'essuie le front. Il ne lui reste plus qu'un seul voyage. Après, il pourra enfin se reposer.

lundi 8 juillet 2013

Demain j'arrête !

Je continue à faire le yoyo dans mes lectures...
Et voici donc un livre frais, drôle, attendrissant, humain. Il raconte l'histoire d'une jeune femme, Julie, qui rencontre enfin l'amour de sa vie... Mais ce n'est pas aussi simple, parce que cette femme n'est pas simple dans sa tête. Comme toutes les femmes. Comme les hommes aussi. Ce qui est étonnant, ici, c'est que l'histoire, écrite à la première personne (Julie), est l'oeuvre d'un homme, Gilles LEGARDINIER, que je découvre par la même occasion.
Excellent livre (environ 400 pages en format Pocket), à lire cet été... Ou quand vous aurez le moral dans les chaussettes !

Incipit :
Vous avez déjà rencontré des gens qui font une fête pour leur divorce ? Moi, oui. D'habitude, ce sont plutôt les futurs mariés qui s'amusent. On les entend klaxonner le samedi quand ils roulent en cortège vers la mairie, on les croise la veille en bandes, dans les rues, habillés en clown ou quasi nus. À grand renfort de trompettes et de tambourins, ils exhibent aux badauds ternes leur joie d'enterrer leur vie de jeunes célibataires — parfois à plus de trente-cinq ans... Mais moins d'un an plus tard, quand les 19 % des statistiques se séparent, plus personne ne lance de confettis. Eh bien, Jérôme, si.

vendredi 28 juin 2013

La vieille qui voulait tuer le bon dieu

"L'Indiana Jones des charentaises, la James Bond des bas de contention" (comme elle se définit elle-même, page 180) est de retour ! Mémé Cornemuse a décidé de braquer la bijouterie voisine de l'immeuble dont elle est la concierge... Mais rien ne va se passer comme prévu.
Personnages farfelus et rabelaisiens, un style qui fait parfois penser à du San Antonio, du rythme, de l'irrespect voire une certaine vulgarité... Bref, ce n'est pas de la haute littérature, loin s'en faut, mais c'est drôle (et suffisamment court pour qu'on n'ait pas le temps de se lasser).
Un bouquin à lire sur la plage.

Incipit :
Ce jour-là, le soleil avait dénoué son écharpe et inondait Pandore de ses rayons dorés. L'après-midi touchait à sa fin et il faisait une chaleur à cuire un oeuf sur le dos d'un pitbull. Ginette Plouf (elle avait tenu à conserver son nom de jeune fille) s'arrêta pour souffler et déposer son sac rempli de canettes de bière. Tous les vendredis, après son boulot, elle se coltinait les boissons pour le week-end, et ce, pour la simple raison que l'unique troquet de son quartier affichait CLOSED du samedi au lundi matin. Depuis que Roger, le patron, avait eu un Japonais égaré dans son boui-boui, il se la pétait English et avait appris deux mots en dehors de "closed" : "Hello !" et "Tank you very mouche", comme il disait, persuadé d'avoir l'accent.

jeudi 27 juin 2013

Le maréchal absolu

Ce "pavé" de plus de 700 pages (et petite police) est un monument dans son genre. Ce livre est gargantuesque et effrayant, d'une drôlerie macabre et d'une profondeur inquiétante. C'est comme si, ayant plongé le lecteur dans le noir, l'auteur éclairait soudain une scène de l'histoire, d'une lumière violente et crue, puis une autre, puis une autre encore, tandis que les scènes précédentes replongent progressivement dans l'obscurité, mais pas complètement. Cette histoire de la décadence d'une dictature féroce (synthèse des régimes post-coloniaux, dont s'est largement inspiré Pierre Jourde) est vraiment étonnante. Un livre dans lequel on pénètre, comme dans un marécage nauséabond, et dont on sort (à la dernière page) comme essoufflé, épuisé mentalement. Un livre énorme, inclassable. Et j'ai aimé.

Incipit :
Allons, parle, Manfred-Célestin, vieille pacotille, dis quelque chose, n'importe quoi, tu es plus disert d'habitude. Qu'est-ce qui t'arrive ? Ah ça, pourtant, d'habitude, on peut dire que tu m'en racontes ! Tu la trembles sans t'arrêter, ta plainte sempiternelle. Robinet à bout de course, mais qui s'obstine à crachoter jour et nuit son filet brunâtre, au prix de force convulsions. Tu es mon secrétaire particulier, à ce qu'il paraît. Ça, pour ce qui est de sécréter, tu sécrètes. Tu sécrètes particulièrement. C'est même ta principale activité dans l'existence. Je n'aurais jamais imaginé que tant de litres d'humeurs diverses puissent sortir d'un organisme si chichement abreuvé.

mardi 4 juin 2013

Ça m'énerve

Un peu plus de 150 pages. Je crois que j'ai ri au moins 150 fois. Merci, Madame GUILLAUME.
Ce livre passe en revue tout ce qui peut vous gâcher une journée ou une activité qu'on espérait naïvement apprécier ou vivre sereinement : ça va de la housse de couette qu'il faut bien changer à un moment ou à un autre, au printemps pourri (tiens, c'est d'actualité, ça !) en passant par les donneurs de leçons ou les parents (et les enfants) odieux, ou encore les voyages en train.
C'est drôle, c'est du vécu comme on dit (ce qui rend les situations encore plus drôles), et ça a un côté jubilatoire qui vous dérouille les zygomatiques pour au moins toute la journée.
C'est ça qui est bien avec les livres : on peut passer de sujets très sérieux (et captivants) à des choses beaucoup plus légères mais au moins aussi sympas à lire...
Ceci étant dit, je vais de ce pas jeter un œil sur les autres livres de Marie-Ange GUILLAUME.

Incipit :
Je braille sous la douche (la bohêêêmeu la bohêêêmeu) quand on sonne à la porte. Une rafale de petits coups teigneux. Tartinée de shampooing, je hurle « voilà-voilà » en me fracassant le gros orteil dans la baignoire et je trouve sur le palier un livreur contrarié (il a failli attendre) qui me refile un paquet pour le voisin d'en face. « L'est pas là, je vous laisse le paquet, faut signer. Non j'ai pas de stylo bille, ça me troue les poches. »

lundi 3 juin 2013

Dans les griffes du Tigre

Ce n'est pas un roman. C'est un témoignage, bien réel, poignant, remarquable de simplicité et d'humanité, d'un officier pilote de Tigre qui a combattu en Afghanistan et en Libye.
En tant qu'ancien pilote, je ne pouvais pas ne pas lire ce petit livre d'une centaine de pages, où sont évoqués le métier de soldat du XXIe siècle, le baptême du feu, la mort, le sens du devoir, la camaraderie, les conséquences psychologiques du combat, à travers deux conflits dont la plupart des Français n'ont eu qu'une perception "médiatique".
On y découvre le milieu des hélicoptères de combat et des hommes et femmes de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT) qui les servent. Un milieu méconnu du grand public, mais dont l'action en Afghanistan, en Libye et au Mali a été déterminante.
À lire pour se rappeler ce qu'est la guerre, réellement...

Incipit :
Afghanistan, avril 2011
« Tiger 14 de Slay 11, pour nous la situation est vraiment critique ici. On a un élément fixé, fixé... en progression, mais il y a trois insurgés archi-mobiles qui n'arrêtent pas de nous harceler... à la grenade, AK47, PKM, etc. »
Les évènements semblent toujours suivre le même processus. Pré-positionné en alerte à partir de la base avancée de Tora en Afghanistan, on ne peut que suivre, impuissant, l'inexorable aggravation de la situation sur le terrain.

dimanche 26 mai 2013

Sous haute tension

C'est mon premier COBEN. Je l'ai choisi un peu au hasard, dans un kiosque de gare. Et, ma foi, j'ai aimé. L'intrigue est bien menée, avec les rebondissements qui vont bien, là où ça va bien.
Harlan COBEN fait partie de ces auteurs dont les livres ne déçoivent que très rarement. Je pense donc que j'en lirai d'autres romans dans l'avenir...

Incipit :
La vérité la plus abjecte, avait dit jadis un ami à Myron, vaut mieux que le plus séduisant des mensonges.
Myron y repensait à présent, en regardant son père dans son lit d'hôpital. Il se rappela la dernière fois, voilà seize ans, qu'il avait menti à son père, mensonge qui avait engendré tant de souffrance et de destruction, mensonge à l'origine d'un tragique effet boule de neige qui, de désastres en catastrophes, allait les conduire ici.

dimanche 19 mai 2013

Salut Marie !

Encore un petit roman bien sympa, qui se lit d'une traite ou presque, drôle et un rien insolent, à ne surtout pas prendre au premier degré !
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, qui semble avoir une prédilection pour les petites phrases savoureuses. Exemples :
"Je pense qu'il a un bon fond, expression consacrée pour dire que la forme laisse terriblement à désirer."
"Elle est si ennuyeuse que les haines les plus farouches s'endorment à ses pieds."
"Son visage n'est pas sans charme, pas avec non plus."
"La bicyclette a été inventée par un misanthrope créatif pour ridiculiser l'être humain et distiller une pollution esthétique, sur laquelle les consciences écologiques matérialistes ne s'attardent pas assez."
Un peu moins de 150 pages savoureuses, que je recommande chaudement !

Incipit :
La Vierge m'est apparue le 1er avril 2008. La date était mal choisie. Je sais qu'humour et spiritualité ne sont pas toujours antagonistes mais sincèrement, j'aurais préféré le 31 mars.
Comme prévu, mes proches ont reçu la nouvelle comme un canular. Mon frère m'a précisé qu'il déjeunait le jour même avec sainte Thérèse. La conversation a tourné court.
Je l'ai vue. C'est vrai. Vous dire à quoi elle ressemble, c'est facile. Une jolie femme, la trentaine, brune, en robe bleu pâle, nimbée d'azur, perchée sur un croissant de lune.

mercredi 1 mai 2013

7 ans après...

C'est mon premier livre de Guillaume MUSSO. Je crois qu'il y en aura d'autres.
Lui est un célèbre luthier new-yorkais. Elle est belle et a un pouvoir irrésistible de séduction sur les hommes. De leur union sont nés des jumeaux.
Ils ont divorcé, et leur relation est aujourd'hui très tendue. Tout les oppose. Pourtant... Ils vont devoir à nouveau faire route commune (de New-York au Brésil, en passant par Paris), pour venir en aide à l'un de leurs enfants.
Voilà pour la trame de l'histoire. C'est fluide, plein de rebondissements, bien documenté. C'est aussi une belle histoire d'amour, dans laquelle les enfants sont des acteurs à part entière.
Un très bon livre.

Incipit :
Pelotonnée sous sa couette, Camille observait du fond de son lit le merle posé sur le rebord de la fenêtre. Le vent d'automne bruissait à travers la vitre, le soleil jouait entre les feuillages, projetant ses reflets mordorés sur les parois de la verrière. S'il avait plu toute la nuit, le ciel brillait à présent d'un bleu limpide qui annonçait une belle journée d'octobre.
Couché au pied du lit, un golden retriever à poil crème leva la tête en pointant le bout de sa truffe.
- Viens, mon Buck, viens, mon beau ! l'invita Camille en tapotant son oreiller.

dimanche 21 avril 2013

Quai des cadavres

Encore un auteur nordiste qui gagne à être connu ! Quai des cadavres est, à mon avis, un livre à l'image de Jean-Pierre BOCQUET : érudit, très érudit même, tout en pleins et en déliés, à l'humour discret et parfois corrosif, calme et policé en apparence, mais bouillonnant  et éruptif sous cette surface trompeuse.
Le livre en lui-même est très bien, même s'il m'a fallu, dès les premières pages, m'armer d'un dictionnaire (heureusement, on en fait en version électronique que vous pouvez garder sous la main en permanence !), tant il y avait de mots rares, voire étranges, dont j'ignorais totalement le sens. Quelques exemples ? cachectique, anachorète, bétyle, murgalée, surrection, ...
Si vous ne connaissez rien au monde de la franc-maçonnerie, ce livre vous mettra au parfum de la meilleure manière qui soit.
J'ai bien aimé également, au-delà de l'intrigue elle-même, les descriptions de Dunkerque et ses environs. Par pure coïncidence, l'auteur nous gratifie aussi d'une description de la ville de Béziers (où j'habite depuis un peu plus d'un an, après plus de quatorze années passées dans le Nord), très réussie là encore, même si l'on sent bien que Jean-Pierre est moins au fait de l'atmosphère languedocienne que de celle des Flandres.
En résumé, un très bon livre, bien charpenté, très (trop ?) érudit, et qui donne envie d'en lire plus de la plume de Jean-Pierre BOCQUET.

Incipit :
Échappant encore aux regards du jeune joggeur, le soleil se levait, disséminant à l'est une aurore rosâtre qu'emprisonnaient tour à tour les moëres, les villages accrochés à leurs clochers et les enchevêtrements urbains de Dunkerque. La clarté s'insinuait déjà dans les interstices de la ville, découpant les silhouettes géométriques des maisons ou des immeubles, dessinant sur le fond de plus en plus bleu de ce ciel matinal de mai le beffroi, l'hôtel de ville et le phare de Risban, immémorial veilleur immobile.

lundi 1 avril 2013

Si c'était à refaire

J'ai commencé la lecture de ce livre aussitôt après celui de Stephen KING. Et voilà, pure coïncidence, que je me suis retrouvé, apparemment, avec une nouvelle histoire de retour dans le passé. Bon, en fait c'est un peu plus subtil que ça. LÉVY et KING ne jouent pas tout à fait dans la même cour. Et le voyage dans le temps proposé par LÉVY prend une tournure originale... dans les dernières pages du livre, dont je ne dévoilerai pas ici le contenu.
L'histoire est bien enlevée : nous sommes en juillet 2012. Andrew, journaliste au New York Times et qui vient d'écrire un article sur les exactions de la junte militaire argentine dans les années 70 (et plus particulièrement le vol de bébés), est poignardé en pleine rue. Lorsqu'il reprend connaissance, il est revenu 62 jours en arrière. C'est le temps qu'il a devant lui pour découvrir qui a voulu l'assassiner.
Un excellent bouquin.

Incipit :
Se fondre dans la foule, jouer ce drôle de drame sans que personne se rende compte de rien, se souvienne de quoi que ce soit.
Un jogging, tenue de circonstance pour passer inaperçu. Le long de River Park, à 7 heures du matin, tout le monde court. Dans une ville où le temps est minuté, où les nerfs de chacun sont mis à rude épreuve, on court ; on court pour entretenir son corps, effacer les excès de la veille, prévenir le stress de la journée à venir.

mardi 19 mars 2013

22/11/63

Avant toute chose, je rappelle que je suis un vrai fan de Stephen KING, dont j'ai lu tous les livres. Autant vous dire que j'attendais ce dernier roman avec impatience.
Et, comme presque toujours, je n'ai pas été déçu. C'est du grand, très grand KING. Et si vous ne connaissez toujours pas cet auteur, commencez donc par ce livre, vous risquez fort de rejoindre le très grand club des lecteurs inconditionnels de Stephen KING !
Dans ce roman, pas d'horreur, pas d'épouvante (donc loin des clichés habituels associés, un peu trop systématiquement, à cet auteur).  KING revisite le thème du voyage dans le temps et la théorie de l'effet papillon, tout en nous livrant une approche particulièrement bien documentée de l'Amérique de la fin des années 50 et du début des années 60, et de l'assassinat de JFK.
Pour les fans de KING, je précise qu'à partir de la page 163 (chez Albin Michel), l'auteur s'amuse avec le lecteur puisqu'il fait référence à un autre de ses gros succès littéraires (Ça , 1986) en faisant se rencontrer le personnage principal de 22/11/63 avec deux des héros de Ça (Richie et Bevvie).
Bref, ce (gros) livre compte désormais parmi les meilleurs romans écrits par Stephen KING. La version française, que l'on doit à Nadine GASSIE, est excellente (et, chose de plus en plus rare aujourd'hui, il y a peu de coquilles !).
Que vous aimiez ou non Stephen KING, il est impossible que vous n'aimiez pas ce livre !

Incipit :
J'ai jamais eu "la larme facile", comme on dit.
Si j'en crois mon ex-épouse, mon "gradient d'émotion inexistant" est la raison principale pour laquelle elle m'a quitté (comme si le mec qu'elle avait rencontré à ses réunions des Alcooliques anonymes n'y était pour rien). Christy supposait qu'elle pouvait me pardonner, disait-elle, de ne pas avoir versé de larmes à l'enterrement de son père : je ne le connaissais que depuis six ans et ne pouvais comprendre quel homme merveilleux et généreux c'était (une Mustang décapotable comme cadeau de fin d'études secondaires, par exemple).
Mais par la suite, quand je n'ai pas versé de larmes à l'enterrement de mes deux parents - ils sont morts à tout juste deux ans d'intervalle, mon père d'un cancer de l'estomac et ma mère d'une crise cardiaque foudroyante en marchant sur une plage de Floride - elle a commencé à comprendre cette histoire de gradient d'émotion inexistant. J'étais "incapable de ressentir mes sentiments", en jargon AA.

vendredi 8 mars 2013

Le vieil homme et la mer

Paradoxalement, je n'avais jamais lu ce petit chef d'oeuvre (publié en 1952, et qui valut à Hemingway le Prix Nobel de littérature en 1954). En revanche, je connaissais le film de John Sturges (1958), qui mériterait d'ailleurs d'être rediffusé de temps en temps...
Ce court roman, dont on doit la traduction française à Jean Dutourd, raconte l'histoire d'un vieux pêcheur cubain qui, seul sur l'océan, va réussir à attraper un énorme espadon (ou marlin) après une lutte de trois jours, lequel sera dévoré par les requins avant le retour du vieil homme au port. Une histoire de courage et d'humilité, où la défaite (le pêcheur ne peut pas lutter jusqu'au bout contre les requins) est aussi belle que la victoire. C'est aussi une belle leçon de vie.

Incipit :
Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau qui pêchait au milieu du Gulf Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n'avait pas pris un poisson. Les quarante premiers jours, un jeune garçon l'accompagna ; mais au bout de ce temps, les parents du jeune garçon déclarèrent que le vieux était décidément et sans remède salao ce qui veut dire aussi guignard qu'on peut l'être. On embarqua donc le gamin sur un autre bateau, lequel, en une semaine, ramena trois poissons superbes.

samedi 23 février 2013

La liste de mes envies

Ce roman doux-amer raconte l'histoire d'une Arrageoise qui gagne 18 millions à l'Euromillions (alors qu'elle joue pour la première fois). Que faire d'une telle somme ? L'argent fait-il le bonheur ? Y contribue-t-il ? Ou en est-il le fossoyeur ? Derrière cette histoire somme toute banale (qui ne s'est pas posé la question de ce qu'il ferait avec une telle somme ?), il y a une réflexion plus profonde sur la vie, l'amour, la trahison.
Un beau petit livre bien écrit.

Incipit :
On se ment toujours.
Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n'ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu'on plonge les sauver. Je n'ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. Du genre qui occupe une place et demie. J'ai un corps dont les bras d'un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n'ai pas la grâce de celles à qui l'on murmure de longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J'appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L'os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable.

dimanche 17 février 2013

L'homme qui a oublié sa femme

Quand on m'a offert ce livre, la première chose que j'ai remarquée fut que, par pure coïncidence, j'allais de nouveau lire une histoire tournant autour de la perte de mémoire en moins d'un mois (après Le passager de GRANGÉ). Mais les similitudes s'arrêtent là. Le roman de John O'FARRELL (le scénariste de Chicken Run) est un petit bijou d'humour britannique, mais aussi une réflexion intéressante sur la vie de couple et tout ce qui peut l'embellir ou, au contraire, la détruire. Mieux écrit et, surtout, plus drôle et émouvant que Le divorce pour les nuls, assurément !


Incipit :
Quand j'étais petit, je regardais Les Z'Amours. Je n'étais pas le seul, mais comme il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire... On s'y était tous mis. Un peu comme les couples qui passaient dans ce jeu télévisé, maintenant que j'y pense. Certes, Les Z'Amours ne constituaient pas le temps fort de notre semaine culturelle. Le lendemain, à l'école, nous n'étions pas spécialement indignés parce que Geoff ne savait pas que le plat exotique préféré de Julie, c'était "les spaghettis". Pourtant, on regardait sans se poser de questions ce défilé de couples médiocres, un peu gênés de confesser ce qu'ils ignoraient l'un sur l'autre, ou, pis, d'avouer qu'ils se connaissaient par coeur.

samedi 2 février 2013

Robinson Crusoé

Vers l'âge de 10 ans, j'avais lu Robinson Crusoé... Mais c'était une version "allégée", commençant à peu près au début du naufrage et se terminant avec le départ de Robinson de son île, un peu plus de 28 ans plus tard.
Cette fois, il s'agit de la version complète, celle traduite par Pétrus Borel en 1836. Les aventures de Robinson débutent plusieurs années avant le célèbre naufrage, et se terminent bien après.
Pour rappel, Daniel Defoe s'était inspiré de l'histoire vraie d'un boucanier écossais, Alexander Selkirk, qui passa 52 mois sur l'île de Mas a Tierra (archipel Juan Fernandez, au large du Chili).
Lecture plus ardue évidemment que cette version originale dans une de ses traductions les plus célèbres... et en vieux français... Ce qui donne un certain charme à ladite lecture que j'ai débutée avec un (gros) dictionnaire à portée de main pour y trouver les définitions des nombreux termes techniques liés au monde de la marine à voile, entre autres.
Bien entendu, l'histoire est à replacer dans son contexte historique, lequel se dessine au fil des pages (place primordiale de la religion, connaissances géographiques de l'époque, moeurs, techniques de navigation, ...).
Bref, les aventures de Robinon Crusoé ne se limitent pas, loin s'en faut, aux années passées sur l'île. Elles se finissent même après un long voyage, par la terre, et d'est en ouest, à travers le continent asiatique...
Une lecture intéressante, parfois ardue, confondante de naïveté souvent.
Je note en outre, pure coïncidence, que j'ai terminé la lecture de ce livre exactement 304 ans après le sauvetage d'Alexander Selkirk...

Incipit :
En 1632, je naquis à York, d’une bonne famille, mais qui n’était point de ce pays. Mon père, originaire de Brème, établi premièrement à Hull, après avoir acquis de l’aisance et s’être retiré du commerce, était venu résider à York, où il s’était allié, par ma mère, à la famille ROBINSON, une des meilleures de la province. C’est à cette alliance que je devais mon double nom de ROBINSON-KREUTZNAER ; mais, aujourd’hui, par une corruption de mots assez commune en Angleterre, on nous nomme, nous nous nommons et signons CRUSOÉ. C’est ainsi que mes compagnons m’ont toujours appelé.

vendredi 1 février 2013

Le passager

Point commun à GRANGÉ et Stephen KING : quand je plonge dans leurs bouquins, j'ai un mal fou à m'arrêter de lire ! Le passager ne déroge pas à la règle : plus de 900 pages d'une histoire captivante, ayant pour thème central la quête de son identité véritable par le personnage central, victime de "fugues psychiques".
Un roman effrayant à souhait (tiens, encore un point commun avec Stephen King !) et parfaitement documenté, dans la droite ligne du Serment des limbes ou de Miserere...

Incipit :
La sonnerie pénétra sa conscience comme une aiguille brûlante.
Il rêvait d'un mur éclaboussé de soleil. Il marchait en suivant son ombre le long de la paroi blanche. Le mur n'avait ni début ni fin. Le mur était l'univers. Lisse, éblouissant, indifférent...
La sonnerie, à nouveau.
Il ouvrit les yeux. Découvrit les chiffres luminescents du réveil à quartz posé près de lui. 4:02. Il se leva sur un coude. Chercha à tâtons le combiné. Sa main ne rencontra que le vide. Il se souvint qu'il était dans la salle de repos. Il palpa les poches de sa blouse, trouva son portable. Regarda l'écran. Il ne connaissait pas le numéro. Il décrocha sans répondre.


mardi 8 janvier 2013

Des clous dans le coeur

Excellent polar !

Incipit :
Rien n'avait changé dans le quartier depuis la dernière fois qu'il était venu là, si l'on exceptait la débauche de guirlandes festives avalées à la sortie de la place Félix-Faure, comme une queue de comète s'engouffrant dans la rue du Général-de-Gaulle. Le manège de chevaux de bois, le Carrousel Palace, était à l'arrêt et la grille du parc du château plongée dans l'ombre. En y regardant de plus près, il sautait aux yeux que les volets de la maison jouxtant le bar de La Fanfare avaient été repeints en vert, d'un de ces verts à la mode, sourd et fané. Le nom précis de cette couleur n'avait aucune importance, l'aspect général de la place pas davantage. Mais ce banal ravalement de peinture alerta Maxime Revel.