vendredi 28 juin 2013

La vieille qui voulait tuer le bon dieu

"L'Indiana Jones des charentaises, la James Bond des bas de contention" (comme elle se définit elle-même, page 180) est de retour ! Mémé Cornemuse a décidé de braquer la bijouterie voisine de l'immeuble dont elle est la concierge... Mais rien ne va se passer comme prévu.
Personnages farfelus et rabelaisiens, un style qui fait parfois penser à du San Antonio, du rythme, de l'irrespect voire une certaine vulgarité... Bref, ce n'est pas de la haute littérature, loin s'en faut, mais c'est drôle (et suffisamment court pour qu'on n'ait pas le temps de se lasser).
Un bouquin à lire sur la plage.

Incipit :
Ce jour-là, le soleil avait dénoué son écharpe et inondait Pandore de ses rayons dorés. L'après-midi touchait à sa fin et il faisait une chaleur à cuire un oeuf sur le dos d'un pitbull. Ginette Plouf (elle avait tenu à conserver son nom de jeune fille) s'arrêta pour souffler et déposer son sac rempli de canettes de bière. Tous les vendredis, après son boulot, elle se coltinait les boissons pour le week-end, et ce, pour la simple raison que l'unique troquet de son quartier affichait CLOSED du samedi au lundi matin. Depuis que Roger, le patron, avait eu un Japonais égaré dans son boui-boui, il se la pétait English et avait appris deux mots en dehors de "closed" : "Hello !" et "Tank you very mouche", comme il disait, persuadé d'avoir l'accent.

jeudi 27 juin 2013

Le maréchal absolu

Ce "pavé" de plus de 700 pages (et petite police) est un monument dans son genre. Ce livre est gargantuesque et effrayant, d'une drôlerie macabre et d'une profondeur inquiétante. C'est comme si, ayant plongé le lecteur dans le noir, l'auteur éclairait soudain une scène de l'histoire, d'une lumière violente et crue, puis une autre, puis une autre encore, tandis que les scènes précédentes replongent progressivement dans l'obscurité, mais pas complètement. Cette histoire de la décadence d'une dictature féroce (synthèse des régimes post-coloniaux, dont s'est largement inspiré Pierre Jourde) est vraiment étonnante. Un livre dans lequel on pénètre, comme dans un marécage nauséabond, et dont on sort (à la dernière page) comme essoufflé, épuisé mentalement. Un livre énorme, inclassable. Et j'ai aimé.

Incipit :
Allons, parle, Manfred-Célestin, vieille pacotille, dis quelque chose, n'importe quoi, tu es plus disert d'habitude. Qu'est-ce qui t'arrive ? Ah ça, pourtant, d'habitude, on peut dire que tu m'en racontes ! Tu la trembles sans t'arrêter, ta plainte sempiternelle. Robinet à bout de course, mais qui s'obstine à crachoter jour et nuit son filet brunâtre, au prix de force convulsions. Tu es mon secrétaire particulier, à ce qu'il paraît. Ça, pour ce qui est de sécréter, tu sécrètes. Tu sécrètes particulièrement. C'est même ta principale activité dans l'existence. Je n'aurais jamais imaginé que tant de litres d'humeurs diverses puissent sortir d'un organisme si chichement abreuvé.

mardi 4 juin 2013

Ça m'énerve

Un peu plus de 150 pages. Je crois que j'ai ri au moins 150 fois. Merci, Madame GUILLAUME.
Ce livre passe en revue tout ce qui peut vous gâcher une journée ou une activité qu'on espérait naïvement apprécier ou vivre sereinement : ça va de la housse de couette qu'il faut bien changer à un moment ou à un autre, au printemps pourri (tiens, c'est d'actualité, ça !) en passant par les donneurs de leçons ou les parents (et les enfants) odieux, ou encore les voyages en train.
C'est drôle, c'est du vécu comme on dit (ce qui rend les situations encore plus drôles), et ça a un côté jubilatoire qui vous dérouille les zygomatiques pour au moins toute la journée.
C'est ça qui est bien avec les livres : on peut passer de sujets très sérieux (et captivants) à des choses beaucoup plus légères mais au moins aussi sympas à lire...
Ceci étant dit, je vais de ce pas jeter un œil sur les autres livres de Marie-Ange GUILLAUME.

Incipit :
Je braille sous la douche (la bohêêêmeu la bohêêêmeu) quand on sonne à la porte. Une rafale de petits coups teigneux. Tartinée de shampooing, je hurle « voilà-voilà » en me fracassant le gros orteil dans la baignoire et je trouve sur le palier un livreur contrarié (il a failli attendre) qui me refile un paquet pour le voisin d'en face. « L'est pas là, je vous laisse le paquet, faut signer. Non j'ai pas de stylo bille, ça me troue les poches. »

lundi 3 juin 2013

Dans les griffes du Tigre

Ce n'est pas un roman. C'est un témoignage, bien réel, poignant, remarquable de simplicité et d'humanité, d'un officier pilote de Tigre qui a combattu en Afghanistan et en Libye.
En tant qu'ancien pilote, je ne pouvais pas ne pas lire ce petit livre d'une centaine de pages, où sont évoqués le métier de soldat du XXIe siècle, le baptême du feu, la mort, le sens du devoir, la camaraderie, les conséquences psychologiques du combat, à travers deux conflits dont la plupart des Français n'ont eu qu'une perception "médiatique".
On y découvre le milieu des hélicoptères de combat et des hommes et femmes de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT) qui les servent. Un milieu méconnu du grand public, mais dont l'action en Afghanistan, en Libye et au Mali a été déterminante.
À lire pour se rappeler ce qu'est la guerre, réellement...

Incipit :
Afghanistan, avril 2011
« Tiger 14 de Slay 11, pour nous la situation est vraiment critique ici. On a un élément fixé, fixé... en progression, mais il y a trois insurgés archi-mobiles qui n'arrêtent pas de nous harceler... à la grenade, AK47, PKM, etc. »
Les évènements semblent toujours suivre le même processus. Pré-positionné en alerte à partir de la base avancée de Tora en Afghanistan, on ne peut que suivre, impuissant, l'inexorable aggravation de la situation sur le terrain.