jeudi 28 août 2014

ARRÊT DU BLOG

À compter de ce jour, le blog ne sera plus mis à jour.
Il reste toutefois en ligne.
Merci pour votre fidélité.
Et bonnes lectures !

mercredi 6 août 2014

Central Park

Avec Central Park, Guillaume Musso nous livre une histoire étonnante, dans laquelle les coups de théâtre succèdent aux rebondissements à un rythme qui tient le lecteur en haleine du début à la fin.
Ça commence comme un bon polar... Mais ce n'est pas un polar. Je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir... Quoiqu'il en soit, c'est un très bon bouquin qui se lit vite et bien, écrit dans le style propre de Musso, précis, documenté, mais sobre. Les inconditionnels de cet auteur apprécieront.

Incipit :
D'abord le souffle vif  et piquant du vent qui balaie un visage.
Le bruissement léger des feuillages. Le murmure distant d'un ruisseau. LE piaillement discret des oiseaux. Les premiers rayons du soleil que l'on devine à travers le voile de paupières encore closes.
Puis le craquement des branches. L'odeur de la terre mouillée. Celle des feuilles en décomposition. Les notes boisées et puissantes du lichen gris.
Plus loin, un bourdonnement incertain, onirique, dissonant.

mardi 29 juillet 2014

Mot à maux

Cette nouvelle, écrite à la première personne du singulier, est l'histoire d'une autiste de onze ans qui découvre le collège et Internet... Et qui va en mourir. C'est d'une infinie tristesse. Un regard tendre sur les autistes, et une sérieuse mise en garde sur les dangers des réseaux sociaux chez les plus jeunes...

Incipit :
Je m'appelle Pauline et j'ai onze ans. Aujourd'hui, c'est ma rentrée. C'est la première fois que je vais au collège. Je suis triste parce que je ne retrouve pas mes copines. Elles vont dans un autre collège. Moi, je vais dans celui-là parce que ma classe est une ULIS.
J'ai onze ans et je suis autiste.

E-book sur e-LIBRAIRIE (0,99€)

Hors de portéeS

Ce deuxième roman de Yahn LE FUR confirme le talent de ce "jeune" écrivain prometteur (voir par ailleurs Le centre du monde, l'autre... sur ce blog), qui abandonne ici le genre policier pour conter l'histoire d'un célèbre chanteur lyrique qui décide de révéler, à sa manière, certains secrets de sa vie à une jeune journaliste... L'intrigue, ou plutôt les intrigues (et je vous laisse découvrir pourquoi j'écris cela), sont bien amenées, Yahn prenant un malin plaisir à "suggérer" au lecteur de fausses pistes, jusqu'au double dénouement final.
L'écriture fluide et riche à la fois, des personnages bien modelés, une histoire captivante font de ce livre une réussite. J'avais aimé le premier roman de Yahn LE FUR, cette fois je suis emballé. Avis très personnel, certes (bien que je connaisse personnellement un peu l'auteur, je tiens malgré tout à rester le plus objectif possible), mais quelque chose me dit qu'il va être largement partagé par de nombreux autres lecteurs !
Yahn LE FUR : retenez ce nom...



Incipit :
En ce printemps 2012, à deux jours de l'occasion unique d'infléchir son avenir, Astrid Balaguère se réjouit de la brève escale qu'elle effectue dans sa ville natale de Marseille. Son allure s'en ressent et les roulettes de sa valise pépient dans son sillage. La gare de Saint-Charles dans son dos, Notre-Dame-de-la-Garde en point de mire, elle avance le long des boulevards, en interrogeant par moments le ciel. C'est que, à la verticale des toits luisants, il demeure opaque et dense comme un immense dôme caverneux. L'espace d'une minute, elle se prend à comparer les éclairs résiduels à d'éphémères filons d'or. Toutefois, au moment d'aborder les quais du Vieux-Port, son esprit structuré revient à des pensées pragmatiques.

dimanche 13 juillet 2014

La Descente des anges

L'histoire débute la veille de la catastrophe minière de Courrières, qui fit plus de 1 000 morts et reste à ce jour la plus meurtrière qu'ait connue l'Europe.
Cette histoire, où s'entrecroisent les destins de plusieurs personnages (dont celui d'Oriane) sur une période de quarante ans dans la région de Lens et Sallaumines, nous replonge dans ce milieu d'une grande rudesse que fut l'exploitation du charbon dans le Pas-de-Calais durant la première partie du XXe siècle.
Alors, non, Emmanuel Prost ne nous sert pas là une resucée de Germinal. Il tisse, au fil des pages, dans une écriture fluide, les histoires souvent tragiques de ces hommes et femmes, dans un contexte historique parfaitement rendu. Et si ces personnages sont fictifs, les décors, les évènements sont eux parfaitement exacts (les amoureux du foot et du Racing Club de Lens y liront la naissance de ce club mythique et de son stade qui ne l'est pas moins, les Ch'tis y retrouveront leur patois si particulier, les passionnés d'histoire y suivront les évolutions politiques et sociales du pays, mais aussi les ravages de deux guerres sur cette région minière dont les valeurs de solidarité, d'amitié, de sacrifice n'étaient pas que des mots). Un livre particulièrement bien documenté qui plonge le lecteur au coeur des galeries d'extraction du charbon et dans l'intimité des corons, donnant à sa lecture encore plus d'attrait.
L'histoire que nous raconte Emmanuel est belle, cruelle, tragique... Mais teintée de cette foi dans l'avenir, de ce refus de baisser les bras qui sont encore aujourd'hui les traits dominants d'une population exceptionnelle que j'ai eu le privilège de découvrir et côtoyer pendant plus de 14 ans. Quant au dénouement... Je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-mêmes !
Un livre magnifique, dont on n'a pas fini d'entendre parler...


Incipit :
Vendredi 9 mars 1906.

La population de Sallaumines refermait ses volets sur une journée ordinaire. Une journée qui avait vu les deux fosses de la ville extraire sans discontinuer le charbon qui faisait la richesse de ses sols. Comme la veille. Comme l'avant-veille. Comme cela aurait dû être le cas le lendemain. Mais c"était sans compter sur le tragique destin qui s'apprêtait à faire de ce lendemain le jour le plus noir de toute l'histoire du bassin minier du Pas-de-Calais.

vendredi 4 juillet 2014

Une autre idée du bonheur

On est rarement déçu avec Marc LEVY. Et ça se vérifie une fois encore avec Une autre idée du bonheur, qui raconte l'histoire d'une femme qui s'évade de prison pour réaliser un vœu que le lecteur ne découvre réellement... que vers la fin du livre. Autant dire que les pièces du puzzle du passé d'Agatha, mais aussi de celui de Tom, ne se mettent en place que progressivement, au fur et à mesure que l'Oldsmobile de Milly, autre personnage clé du roman, progresse vers l'ouest des États-Unis.
C'est d'une grande sensibilité, écrit dans le style sobre et efficace propre à Marc LEVY. Quant à l'intrigue, vous l'avez bien compris, elle est particulièrement bien ficelée.
Un livre vraiment agréable à lire.

Incipit :
Il tenait son journal intime entre ses mains, affamé des mots qu'elle avait couchés sur le papier, tentant de reconnaître ses traits dans l'un ou l'autre des personnages, l'écho de leurs conversations dans les cafés de Greenwich Village, un épisode volé au temps. Et à chaque page qu'il tournait, il écoutait battre son cœur, essoufflé par un amour dont le souvenir s'était effacé comme les pas du marcheur qui s'éloigne sur la neige.

vendredi 27 juin 2014

Quand l'âne flotte, c'est qu'il a beaucoup plu.

Ce n'est pas un roman, même si cette tranche de vie d'une famille belge venue s'installer dans l'arrière-pays héraultais en contient tous les ingrédients.
Ou comment quitter une vie citadine et confortable outre-Quiévrain pour s'enterrer au fin fond du Languedoc et y tenir des chambres d'hôtes... Une véritable aventure, tant humaine que matérielle, qu'Aline NUSSON (pseudonyme d'une prof d'anglais dont j'ai eu l'honneur et le plaisir de faire la connaissance il y a quelques mois) nous fait partager à travers son journal de bord, de la genèse du projet familial du début des années 2000, jusqu'au printemps 2012.
C'est très bien écrit, sans fioritures, avec humour, l'auteure n'hésitant pas à jouer sur la consonance des mots ou les particularités linguistiques belges, françaises... et locales. La sensibilité, l'humilité, le caractère à la fois fort et fragile d'Aline transpirent de chaque page. On respire à pleins poumons ce livre, car c'est du vécu formidablement simple et naturellement raconté.
C'est une histoire profondément humaine, tissée de joie de vivre, de doutes, de petits et grands bonheurs mais aussi de soucis dont certains sont pudiquement évoqués, comme si notre narratrice ne voulait pas gâcher notre plaisir de lire.
Vous découvrirez aussi dans ce livre les affres (et les merveilleux côtés) de la vie "à la campagne" et de la gestion au quotidien de chambres d'hôtes.
Enfin, cerise sur le gâteau, les descriptions de l'arrière-pays héraultais vont vous donner l'envie, si vous ne le connaissez pas encore, de venir le découvrir et de marcher dans les pas d'Aline !


Incipit :
Vendredi 10 juin 2011
Télé-transportation accidentelle ?
Délire postopératoire ?
Je suis allongée à même le sol chaud au bord de la piscine. Toutes les dix minutes, je m'offre trois brasses paresseuses dans l'eau cristalline. Ne surtout pas me sécher mais laisser la voluptueuse fraîcheur disparaître peu à peu.
Mmmm. Je reprendrais bien une page de cette BD et quelques notes de ce CD. Histoire de prolonger le rêve.
Le rêve ? Après tout ce temps, je ne réaliserais pas encore ? Pourtant il y a la morsure du soleil. Ainsi que le parfum de la végétation sèche mêlé à celui, douceâtre, de la crème solaire. Et les cigales affolées par la chaleur qui s'emballent.
Donc, pas besoin de me pincer en plus.
Je ne rêve pas.
Je suis bien là.
Ici.


mercredi 21 mai 2014

Joyland

Pour une (rare) fois que King ne verse pas dans son domaine de prédilection, à savoir l'horreur, ne boudons pas le plaisir de nous laisser emporter par ce bouquin (de moins de 300 pages, ce qui n'est pas courant chez lui) qui fleure bon la nostalgie des années 70, tout en gardant ce côté mystérieux et inquiétant qui suinte de toutes les histoires du célèbre écrivain américain.
Donc, pas d'horreur, au sens littéraire du terme, dans cette histoire par ailleurs émouvante.
Les inconditionnels de Stephen King vont aimer. Les autres seront peut-être un peu désorientés, voire déçus, par ce livre qui suit de quelques mois seulement la parution de Docteur Sleep.


Incipit :
J'avais une voiture, mais au cours de cet automne 1973, je suis allé à Joyland à pied presque tous les jours depuis le petit gîte de bord de mer de Mrs. Shoplaw où je logeais à Heaven's Bay. Ça me semblait la meilleure chose à faire. La seule, à vrai dire. Début septembre, la plage de Heaven's Bay est quasiment déserte. Et ça m'allait. Car cet automne-là fut le plus beau de ma vie, même quarante ans plus tard je peux le dire. Et je n'ai jamais été aussi malheureux de ma vie, ça aussi je peux le dire.

mercredi 7 mai 2014

Festins de veuves

C'est mon deuxième livre de Jean-Pierre BOCQUET (voir Quai des cadavres), et je peux dire que le style bien affirmé de cet auteur me plaît décidément beaucoup. La langue est riche (vous allez apprendre la signification de plein de mots, pour peu que vous gardiez un dico sous la main !), les dialogues savoureux et érudits, la description des personnages et des lieux à la fois précise et non dénuée de poésie (amoureux de la côte d'Opale, vous allez vous régaler), l'intrigue rondement menée.
Certains lecteurs éprouveront peut-être du mal à s'habituer à la prose particulièrement riche de Jean-Pierre BOCQUET. Mais, passé ce petit effort initial, ils se laisseront emporter par l'histoire et l'humour tout en finesse de l'auteur.
Quant à moi, j'en redemande...

Incipit :
Après un printemps trompeur et un été pourri, la météo s'éprenait soudain de la plaine maritime, l'inondant de soleil et de chaleur. Octobre s'annonçait bleu et sereinement marin. La traditionnelle foire aux huîtres organisée par la Bouée Bleue avait battu des records d'affluence. Ses chapiteaux, transformés en étuves tropicales, au risque de voir les huîtres tourner de l'œil par douzaines, regorgeaient d'accros à la bière et au muscadet, serrés comme des sardines et parfois huileux de sueur, enfiévrés par la pépie, le bec ouvert devant les verres sitôt pleins, sitôt vides. Ils n'avaient même plus le temps de méditer ni de philosopher, de balancer entre l'optimisme et le pessimisme, le regard embué devant les bouteilles qu'ils éclusaient en dégustant leurs fruits de mer.

lundi 21 avril 2014

Kinderzimmer

Je ne suis pas sûr de trouver les mots justes pour décrire ce que je pense de ce livre et ce que j'ai ressenti à sa lecture. C'est à la fois beau et horrible, tendre et violent, d'une infinie tristesse et d'une vitalité démesurée.
Chaque mot a été pesé par l'auteure pour prendre sa place dans cette œuvre percutante comme un coup de poing en plein cœur. chaque phrase, dans sa construction, a été ciselée pour transpercer l'imagination du lecteur. Quand vous entrez dans le livre, vous entrez avec ces femmes dans l'univers des camps de concentration nazis (ici, Ravensbrück), vous vivez avec elles l'horreur du quotidien, vous la ressentez vraiment. Vous êtes à la fois écœurés et fascinés par ce que vous lisez, et tout comme celles qui en ont sont sorties vivantes, vous restez comme abasourdis par ce qui tient du miracle, et vous vous demandez comment des êtres humains soumis à de telles conditions trouvent la force de survivre. Alors, s'agissant de nouveau-nés, c'est tout simplement ahurissant. Car là est le vrai cœur de cette histoire : les enfants qui naquirent dans les camps.
Kinderzimmer est à mettre entre toutes les mains des générations actuelles. Pour ne pas oublier un pan monstrueux de l'Histoire de l'humanité. Pour se rendre compte de l'horreur que ce fut pour celles et ceux qui le vécurent dans leur chair, et dont certains sont encore parmi nous (mais pour combien de temps encore ?). Et enfin parce que c'est une fantastique leçon de vie.

Incipit :

Prologue

Elle dit mi-avril 1944, nous partons pour l'Allemagne.

  On y est. Ce qui a précédé, la Résistance, l'arrestation, Fresnes, n'est au fond qu'un prélude. Le silence dans la classe naît du mot Allemagne, qui annonce le récit capital. Longtemps elle a été reconnaissante de ce silence, de cet effacement devant son histoire à elle, quand il fallait exhumer les images et les faits tus vingt ans ; de ce silence et de cette immobilité, car pas un chuchotement, pas un geste dans les rangs de ces garçons et filles de dix-huit ans, comme s'ils savaient que leurs voix, leur corps si neufs pouvaient empêcher la mémoire. Au début, elle a requis tout l'espace. Depuis Suzanne Langlois a parlé cinquante fois, cent fois, les phrases se forment sans effort, sans douleur, et presque, sans pensée.

Elle dit le convoi arrive quatre jours plus tard.

samedi 12 avril 2014

Le centre du monde, l'autre...

Si vous aimez les thrillers, les bons polars bien écrits, alors vous allez aimer ce premier roman de Yahn Le Fur. Le style est déjà affirmé, l'intrigue maîtrisée, les personnages dessinés avec précision et attachants. Les deux principaux sont des flics, l'un breton, l'autre catalan, entre lesquels il y a plus qu'une étroite complicité professionnelle : une réelle amitié les lie. Quant à l'enquête policière, elle est bien étayée, et on suit avec plaisir sa progression. J'aurais dû écrire "les deux enquêtes", d'ailleurs. Et ce sera là mon seul petit bémol : il y avait peut-être de quoi écrire un deuxième livre à partir de la deuxième enquête menée par Borderie et Corcia...
Je ne peux que vous recommander la lecture de ce premier livre de Yahn Le Fur (dont le deuxième roman, qui ne sera pas un roman policier, devrait paraître au début de l'été 2014) : son style et sa sensibilité font souffler un petit vent de fraîcheur qui m'ont personnellement fait oublier, le temps de la lecture de ce livre, les grands maîtres actuels du polar. Prometteur !
Petit mot sur la maison d'édition (TDO Éditions) : elle gagne à être connue. Pour ce que j'ai pu constater dans ce livre, la mise en page est soignée et la relecture du manuscrit a été faite avec sérieux : je n'ai relevé que quelques rares coquilles, ce qui est de plus en plus remarquable aujourd'hui.

Incipit :
Au risque de surprendre, malgré un lointain Jour de l'An endeuillé par un drame familial, l'homme d'action que je suis a repris goût aux réveillons. En l'occurrence, malgré mon sens de la mesure, cette Saint-Sylvestre consacrant l'année 2000 a laissé des traces : j'ai la nette impression que des arcs électriques me traversent le crâne. Autant dire qu'aller jouer les prolongations sur le terrain du vice en ce milieu de matinée ne m'enchante guère. Je préférerais cent fois rouler vers l'est, à l'heure où l'horizon n'est qu'un paillis de soleil, une strate d'argent bleuté. Mais non.

Finaliste 2014 du Prix de l'Embouchure (salon littérature policière de Toulouse).
Ce livre m'a été dédicacé par l'auteur le 5 avril 2014, à Béziers. Ce fut un moment vraiment sympathique. La vie nous offre parfois ce genre de rencontres, complètement improbables : nous avons en commun d'avoir usé nos fonds de culottes sur les bancs du même collège à Rochefort-sur-Mer et d'avoir vécu, l'un comme l'autre, suffisamment longtemps dans le Nord pour en avoir gardé certaines valeurs humaines qui se retrouvent, d'ailleurs, dans ce premier livre, et d'apprécier aujourd'hui cette belle région qu'est le Languedoc-Roussillon...

mardi 8 avril 2014

À quelques secondes près

Ce qui est bien, avec Harlan Coben, c'est qu'on est à peu près certain de passer un bon moment à lire ses livres. À quelques secondes près ne fait pas exception : histoire bien charpentée, écriture fluide, suspense et rebondissements, tous les ingrédients d'un bon roman sont réunis dans ce livre.
Ce n'est certes pas ce que j'ai lu de plus transcendant dans ma vie, loin s'en faut, mais j'ai aimé. Je pense que les fans de Coben ne me contrediront pas.

Incipit :
Il y a des moments dans la vie qui changent tout.
Quand je dis “tout”, je ne parle pas de petites choses, comme vos céréales préférées, la filière que vous choisissez au lycée, la fille dont vous tombez amoureux ou l'endroit où vous allez passer les vingt prochaines années. Je parle de changement radical. En une seconde, tchac ! votre monde entier bascule. Toutes les règles s'inversent, tout ce que vous preniez pour la réalité est remis en cause.
Le haut devient le bas. La gauche devient la droite.
La mort devient la vie.

dimanche 30 mars 2014

Un visage dans la foule

Cette nouvelle de Stephen King et Stewart O'Nan a été publiée en France fin mars 2014, en version numérique.
Un peu moins de 40 pages pour une histoire étrange, captivante, mais pas si originale que ça, sur le thème de la mort.
Il reste à espérer, pour les fans de Stephen King ne possédant pas de liseuse électronique, que cette nouvelle sortira vite au format papier (tout comme Sale gosse)...

Incipit :
L'été qui suivit la mort de sa femme, Dean Evers se mit à regarder les matchs de baseball avec assiduité. Comme nombre de retraités originaires de Nouvelle-Angleterre, c'était un fan des Red Sox de Boston qui, ayant fui les vents de noroit pour le golfe de Floride, avait fait preuve de magnanimité en supportant également des Devil Rays de Saint Petersburg, une équipe qui allait alors de défaite en déroute. Bien qu'il ait entraîné des cadets, il n'avait jamais été un mordu de baseball ­­— contrairement à son fils Pat, qui en était obsédé —, mais cependant, soir après soir, alors que les feux du couchant bariolaient le ciel à l'ouest, il se surprenait de plus en plus souvent à inviter les Rays pour peupler son appartement vide.

mercredi 26 mars 2014

Hexagone - Sur les routes de l'histoire de France

Au-delà des polémiques stériles (et bien franchouillardes) qui ont accompagné la sortie de ce livre, voici un bon et très agréable moyen de revoir son histoire de France sur... 26 siècles et autant de chapitres. Tout ça en prenant pour points de départ les routes de notre pays. 13 573 km en tout. Un régal. Après avoir lu ce livre, vous ne traverserez plus certaines villes, ne parcourrez plus certaines routes aussi indifféremment qu'avant. Et si vous voulez creuser un peu certains passages, vous pouvez toujours vous reporter à la bibliographie particulièrement riche sur laquelle Lorànt Deutsch s'est appuyé, en complément de ses propres pérégrinations.
C'est bien écrit, passionnant à souhait, instructif. Bref, à mettre entre toutes les mains !


Incipit :

Introduction

AUX SOURCES DE LA LA ROUTE...
Par la voie hérakléenne

La rue Saint-Jacques grimpe le flanc de la montagne Sainte-Geneviève et s'échappe, droite, décidée, comme pour s'en aller découvrir d'autres paysages. Je remonte cette voie qui fut le grand axe des Romains, le cardo autour duquel s'organisait toute la vie de Lutèce. Bientôt, la porte d'Orléans ; le périphérique au trafic incessant forme l'ultime muraille circulaire de la ville. À Paris comme ailleurs, c'est une route qui marque la limite.

dimanche 16 mars 2014

Sale gosse

Nouvelle, sortie en version numérique en France le 14 mars 2014.
Tous ses admirateurs vous le diront : Stephen KING n'a pas son pareil pour vous pondre des nouvelles percutantes et aussi effrayantes que ses romans. Sale gosse est exactement dans cette veine : en moins de 50 pages, KING vous assène un coup de poing dans l'estomac, un uppercut sous le menton et un grand coup sur la nuque. Ou c'est comme un tour de grand huit : court mais intense !
Vous l'avez compris, j'ai adoré cette nouvelle.
Et, comme tous les petits veinards ayant fait l'acquisition de ce livre numérique, j'ai eu le privilège de pouvoir lire les premières pages de Joyland, qui sortira en France dans les prochaines semaines. Et j'en ai déjà l'eau à la bouche !


Incipit :
La prison était située à trente kilomètres de la petite ville la plus proche sur une étendue de prairie déserte où le vent soufflait pratiquement en continu. Dressé sur l'horizon, le bâtiment principal était une horreur en pierre perpétrée contre le paysage au début du vingtième siècle. Sur ses deux flancs, des cellules en béton avaient poussé l'une après l'autre au cours des quarante-cinq dernières années, principalement grâce au flot d'argent fédéral qui avait commencé à couler durant les années Nixon et ne s'était presque jamais tari depuis.

jeudi 20 février 2014

Après

Novembre 1918 : c’est la fin de la guerre, la fin de l’enfer pour des millions d’hommes dont certains viennent de passer quatre ans à se battre. Nous voici côté allemand, avec le retour au pays de tous ces soldats qui, au fond des tranchées, dans le froid, la boue, le bruit incessant des bombardements et la mort qui rôdait en permanence autour d’eux, ne rêvaient que de ce retour à une vie paisible. Le voici enfin arrivé, ce jour !
Mais les désillusions vont être à la mesure de l’enfer qu’ils viennent de vivre.
Erich Maria Remarque décrit, avec ce style qu’on lui connaît (À  l’Ouest, rien de nouveau), ce retour douloureux à la vie civile de ces hommes dont la plupart sortaient à peine de l’enfance, naïfs mais enthousiastes, prêts à croquer la vie à pleines dents quand ils partirent à la guerre.
Ce que cette jeunesse allemande sacrifiée a vécu et que nous relate Remarque pourrait être transposé aux hommes de toutes les nations qui participèrent aux combats de 14-18 : la première Guerre Mondiale a englouti non seulement des millions de vies, mais aussi les illusions, les espoirs, la fraîcheur de toute une génération littéralement mutilée, dans sa chair comme dans son esprit.
Ce livre est simple, sans fioritures. Mais il n’est pas froid. On sent, derrière les mots de Remarque, une tristesse, une lassitude, une certaine résignation même, mais aussi de la tendresse. Des mots écrits par un homme qui a vécu dans sa chair et son âme cette guerre et les premières semaines, les premiers mois, les premières années qui suivirent l’Armistice et qui l’amenèrent à fuir sa propre patrie, celle pour laquelle il avait sacrifié toute sa jeunesse. Pour rien ? La réponse est peut-être donnée par les personnages de ce roman…
Alors que le centenaire de cette guerre va être commémoré pendant les quatre années qui viennent, voici assurément un livre qu’il faut lire pour saisir, en partie, ce que fut cette époque et les conséquences monstrueuses de ce conflit qui allait, inévitablement, en appeler un autre.

(Livre offert par Babelio, dans le cadre de l'opération "Masse Critique")

Incipit :
Les routes s'allongent à travers la campagne ; les villages baignent dans la lumière grise ; les arbres frémissent et les feuilles tombent... tombent...
Grises, dans leurs uniformes sales couleur de cendre, les colonnes cheminent pas à pas sur la route. Sous les casques d'acier, des faces incultes, hâves, creusées par la faim et la misère ; des faces épuisées, réduites aux seuls sillons qu'y tracèrent l'horreur, la bravoure et la mort.


mardi 11 février 2014

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA

Avec un titre pareil, on pouvait s'attendre à tout et à n'importe quoi...
Un peu plus de 220 pages plus loin, j'en ai encore les zygomatiques tout détendus et je continue de penser à ce fakir facétieux qui m'a entraîné dans un voyage peu banal... Et qui m'a donné, en passant, matière à réfléchir (un peu) sur la condition humaine dans nos sociétés modernes et riches.
Ce bouquin, bourré de clichés que l'auteur s'empresse d'ailleurs de démonter à coups de petites phrases assassines, est comme un verre d'eau fraîche après un café serré : on ne peut plus s'en passer une fois qu'on a essayé.
Ce n'est certes pas de la grande littérature, mais c'est drôle, captivant, bien écrit... Bref, un vrai moment de détente. On en redemande.

Incipit :
Le premier mot que prononça l'Indien Ajatashatru Lavash Petel en arrivant en France fut un mot suédois. Un comble !
Ikea.
Voilà ce qu'il prononça à mi-voix.
Cela dit, il referma la porte de la vieille Mercedes rouge et patienta, les mains posées comme un enfant sage sur ses genoux soyeux.
Le conducteur de taxi, qui n'était pas sûr d'avoir bien entendu, se retourna vers son client, ce qui eut pour effet de faire craquer les petites billes en bois de son couvre-siège.

samedi 1 février 2014

Complètement cramé !

Gilles LEGARDINIER n'écrit pas que des thrillers. Il est aussi (sacrément) bon pour nous livrer des bouquins comme Complètement cramé ! dans la même veine que Demain j'arrête !.
C'est léger, drôle, émouvant parfois, et sans autre prétention que de nous faire passer un très agréable moment avec un livre très bien écrit.
Si vous avez aimé Demain j'arrête ! vous adorerez cette histoire de chef d'entreprise britannique qui lâche tout pour devenir majordome dans un manoir français. L'histoire est bien construite, même si elle est un peu "naïve" à mon goût. Ce qui ne gâche toutefois rien au plaisir de lire ce livre.
C'était mon deuxième LEGARDINIER. Ce ne sera pas le dernier.

Incipit :
Il faisait nuit, un peu froid. Au cœur de Londres, devant l'hôtel Savoy, sous la verrière, un homme d'un certain âge vêtu d'un smoking faisait les cent pas en consultant fébrilement son téléphone portable. L'organisateur de la soirée qui se déroulait dans le grand salon sortit du hall et s'approcha, laissant échapper par la porte tambour le son des cuivres de l'orchestre qui jouait du Cole Porter.
 — Toujours pas de nouvelles de M. Blake ? demanda-t-il.
 — Je fais tout ce que je peux pour le joindre, mais il  ne répond pas. Laissez-moi encore une minute.
 — C'est très ennuyeux. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave...
« Être mourant serait pourtant sa seule excuse valable ! » pensa l'homme au téléphone.

jeudi 23 janvier 2014

Docteur Sleep

Encore un excellent roman de Stephen King !
Docteur Sleep peut être considéré comme une suite de Shining, l'enfant lumière. On y retrouve tous les ingrédients habituels des bouquins du maître de l'épouvante, la maturité en plus.
Si vous avez oublié (ou n'avez pas lu) Shining, je vous recommande de jeter un œil sur le résumé du livre ici. Mais ce n'est pas une obligation. Cela vous donnera juste quelques clés supplémentaires pour savourer pleinement une histoire qui tient le lecteur en haleine jusque dans les dernières pages.
Et comme toujours avec Stephen King, on prend tellement de plaisir à lire ses histoires qu'on est un peu triste lorsque l'on atteint le point final et qu'on se dit : vivement le prochain (en mai 2014 si mes informations sont bonnes !).

Incipit :
Le deuxième jour du mois de décembre d'une année où un planteur de cacahuètes de Géorgie était aux affaires à la Maison-Blanche, l'un des plus grands hôtels de villégiature du Colorado brûla de fond en comble. L'Overlook fut déclaré perte totale. Après enquête, le chef du service des incendies du comté de Jicarilla attribua la cause de l'incendie au mauvais fonctionnement d'une chaudière. L'hôtel était fermé pour l'hiver lorsque l'accident se produisit et seules quatre personnes étaient présentes sur les lieux. Trois d'entre elles en réchappèrent. John Torrance, le gardien de l'hôtel, trouva la mort en tentant vainement (et héroïquement) de faire tomber la pression de la vapeur qui avait atteint un niveau anormalement élevé dans la chaudière en raison d'une soupape de sécurité défectueuse.