mercredi 21 mai 2014

Joyland

Pour une (rare) fois que King ne verse pas dans son domaine de prédilection, à savoir l'horreur, ne boudons pas le plaisir de nous laisser emporter par ce bouquin (de moins de 300 pages, ce qui n'est pas courant chez lui) qui fleure bon la nostalgie des années 70, tout en gardant ce côté mystérieux et inquiétant qui suinte de toutes les histoires du célèbre écrivain américain.
Donc, pas d'horreur, au sens littéraire du terme, dans cette histoire par ailleurs émouvante.
Les inconditionnels de Stephen King vont aimer. Les autres seront peut-être un peu désorientés, voire déçus, par ce livre qui suit de quelques mois seulement la parution de Docteur Sleep.


Incipit :
J'avais une voiture, mais au cours de cet automne 1973, je suis allé à Joyland à pied presque tous les jours depuis le petit gîte de bord de mer de Mrs. Shoplaw où je logeais à Heaven's Bay. Ça me semblait la meilleure chose à faire. La seule, à vrai dire. Début septembre, la plage de Heaven's Bay est quasiment déserte. Et ça m'allait. Car cet automne-là fut le plus beau de ma vie, même quarante ans plus tard je peux le dire. Et je n'ai jamais été aussi malheureux de ma vie, ça aussi je peux le dire.

mercredi 7 mai 2014

Festins de veuves

C'est mon deuxième livre de Jean-Pierre BOCQUET (voir Quai des cadavres), et je peux dire que le style bien affirmé de cet auteur me plaît décidément beaucoup. La langue est riche (vous allez apprendre la signification de plein de mots, pour peu que vous gardiez un dico sous la main !), les dialogues savoureux et érudits, la description des personnages et des lieux à la fois précise et non dénuée de poésie (amoureux de la côte d'Opale, vous allez vous régaler), l'intrigue rondement menée.
Certains lecteurs éprouveront peut-être du mal à s'habituer à la prose particulièrement riche de Jean-Pierre BOCQUET. Mais, passé ce petit effort initial, ils se laisseront emporter par l'histoire et l'humour tout en finesse de l'auteur.
Quant à moi, j'en redemande...

Incipit :
Après un printemps trompeur et un été pourri, la météo s'éprenait soudain de la plaine maritime, l'inondant de soleil et de chaleur. Octobre s'annonçait bleu et sereinement marin. La traditionnelle foire aux huîtres organisée par la Bouée Bleue avait battu des records d'affluence. Ses chapiteaux, transformés en étuves tropicales, au risque de voir les huîtres tourner de l'œil par douzaines, regorgeaient d'accros à la bière et au muscadet, serrés comme des sardines et parfois huileux de sueur, enfiévrés par la pépie, le bec ouvert devant les verres sitôt pleins, sitôt vides. Ils n'avaient même plus le temps de méditer ni de philosopher, de balancer entre l'optimisme et le pessimisme, le regard embué devant les bouteilles qu'ils éclusaient en dégustant leurs fruits de mer.