dimanche 13 juillet 2014

La Descente des anges

L'histoire débute la veille de la catastrophe minière de Courrières, qui fit plus de 1 000 morts et reste à ce jour la plus meurtrière qu'ait connue l'Europe.
Cette histoire, où s'entrecroisent les destins de plusieurs personnages (dont celui d'Oriane) sur une période de quarante ans dans la région de Lens et Sallaumines, nous replonge dans ce milieu d'une grande rudesse que fut l'exploitation du charbon dans le Pas-de-Calais durant la première partie du XXe siècle.
Alors, non, Emmanuel Prost ne nous sert pas là une resucée de Germinal. Il tisse, au fil des pages, dans une écriture fluide, les histoires souvent tragiques de ces hommes et femmes, dans un contexte historique parfaitement rendu. Et si ces personnages sont fictifs, les décors, les évènements sont eux parfaitement exacts (les amoureux du foot et du Racing Club de Lens y liront la naissance de ce club mythique et de son stade qui ne l'est pas moins, les Ch'tis y retrouveront leur patois si particulier, les passionnés d'histoire y suivront les évolutions politiques et sociales du pays, mais aussi les ravages de deux guerres sur cette région minière dont les valeurs de solidarité, d'amitié, de sacrifice n'étaient pas que des mots). Un livre particulièrement bien documenté qui plonge le lecteur au coeur des galeries d'extraction du charbon et dans l'intimité des corons, donnant à sa lecture encore plus d'attrait.
L'histoire que nous raconte Emmanuel est belle, cruelle, tragique... Mais teintée de cette foi dans l'avenir, de ce refus de baisser les bras qui sont encore aujourd'hui les traits dominants d'une population exceptionnelle que j'ai eu le privilège de découvrir et côtoyer pendant plus de 14 ans. Quant au dénouement... Je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-mêmes !
Un livre magnifique, dont on n'a pas fini d'entendre parler...


Incipit :
Vendredi 9 mars 1906.

La population de Sallaumines refermait ses volets sur une journée ordinaire. Une journée qui avait vu les deux fosses de la ville extraire sans discontinuer le charbon qui faisait la richesse de ses sols. Comme la veille. Comme l'avant-veille. Comme cela aurait dû être le cas le lendemain. Mais c"était sans compter sur le tragique destin qui s'apprêtait à faire de ce lendemain le jour le plus noir de toute l'histoire du bassin minier du Pas-de-Calais.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Merci beaucoup pour ce retour de lecture qui me va droit au cœur !
Amitiés !

Emmanuel Prost